Rendre la ville fruitière,…les confrères Montréalais de Vergers Urbains y travaillent, espérons que les franciliens y trouvent leur inspiration.
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Montréal, ville fruitière?
Saviez-vous que malgré le climat rigoureux québécois, plusieurs pêchers et figuiers poussent à Montréal? Que le couvent des Hospitalières sur l’avenue des Pins abrite un verger à l’abri de tout regard où l’on oublie que nous sommes à deux pas du Centre-Ville? Avez-vous déjà goûté des amélanches de Montréal?
Pourtant, Montréal a un patrimoine fruitier digne de mention. Et plusieurs groupes se dédient à mettre ce patrimoine en valeur pour redonner à Montréal son caractère fruitier. En recréant des espaces fruitiers productifs et éducatifs ou encore en organisant la cueillette et la distribution des fruits produits par les arbres fruitiers de la ville.
Des arbres fruitiers à Montréal?
Lorsqu’on parle d’arbres fruitiers à Montréal, le premier réflexe peut être de penser aux grands vergers que l’on retrouve principalement dans les secteurs périurbains de l’agglomération, par exemple à l’Île-Perrot ou à Senneville. Mais en se rapprochant du centre-ville de Montréal, il est également possible de retrouver quelques vergers dignes de mention, que ce soit le verger patrimonial des Hospitalières sur le Plateau Mont-Royal, le verger commémoratif du Centre d’architecture canadien ou encore le verger en espalier du
Château Ramezay.
Il ne faut pas non plus négliger les cours privées. Une ballade estivale dans les ruelles du Plateau Mont-Royal ou de Villeray vous permettra en effet de constater qu’il y a plus d’arbres fruitiers à Montréal que vous ne le pensiez!
La place des arbres fruitiers dans la « forêt urbaine »
Les arbres fruitiers représenteraient à Montréal environ 4% de l’ensemble des arbres publics dans les arrondissements centraux de Montréal
[1], dont des fruits méconnus, tels que l’amélanchier et le cerisier de Virginie, aussi connu sous le nom cerisier à grappes. Mais comment valoriser cette production ? L’une des approches développées depuis de nombreuses années est la cueillette collective.
Les collectifs de cueillette : pour valoriser la production fruitière de la ville
Le concept des collectifs de cueillette de fruits urbains s’est développé depuis la fin des années 90 dans de nombreuses grandes villes telles que Vancouver, Toronto, Londres, Paris et Montréal. L’idée centrale derrière ce concept est un maillage entre des citoyens et des propriétaires d’arbres fruitiers. Des accords sont passés avec les propriétaires d’arbres fruitiers, où les cueilleurs du collectif assurent la cueillette des fruits qui sont redistribués entre le propriétaire de l’arbre fruitier, les bénévoles du collectif et un groupe oeuvrant en sécurité alimentaire
[2]. Aux activités de cueillettes peuvent s’ajouter d’autres activités selon la couleur locale et l’imagination des développeurs de projet : activités éducatives, vente de produits transformés, service d’entretien des arbres, etc.
Né en 2011,
Les Fruits défendus, anciennement les « Jardins suspendus », est le premier collectif de cueillette de fruits à avoir vu le jour à Montréal. Jusqu’ici la zone d’intervention du collectif a été Plateau Mont-Royal et les quartiers adjacents. En 2013, le collectif des Fruits défendus a récolté quelques 2,5 Tonnes de fruits à partir de 82 arbres.
Au cours de ces 3 années, en mettant à profit les compétences de ses membres, le collectif a développé un système informatisé permettant d’optimiser et de mesurer les actions sur le terrain. Le collectif réfléchit actuellement aux moyens de faire essaimer cette pratique dans d’autres quartiers montréalais et à développer d’autres volets d’activité, tels que l’entretien des arbres fruitiers et des activités d’éducation et de formation.
Né en 2012,
Vergers de Chez Nous est un autre collectif de cueillette de fruits urbains qui œuvre dans la partie ouest de l’île. En 2013, avec seulement une vingtaine de bénévoles, le collectif a récolté près de 365 kilos de fruits à partir de 12 arbres. Pour la saison 2014, le collectif vise de passer le cap des 450 kilos de fruits récoltés. Ailleurs au Canada, on retrouve de nombreux groupes similaires. Par exemple, Toronto abrite le collectif «
Not for far from the Tree» qui a récolté 10 tonnes de fruits sur 355 arbres.
À l’autre bout du pays,
LifeCycles Fruit Tree Project à Victoria en Colombie-Britannique compte quelque 15 ans d’existence et a récolté la même année près de 13,5 tonnes de fruits! Certes, le climat de Victoria et sa diversité fruitière sont différents de Montréal, mais cela fait tout de même rêver les cueilleurs montréalais!
Développer des villes « fruitières »
Intégrer les arbres et arbustes fruitiers dans l’aménagement urbain semble une idée rafraîchissante, mais peut poser différents défis, comme des enjeux de sécurité (lors de la cueillette) et de propreté (en raison de la chute des fruits au sol). Cette intégration semble pouvoir se faire de façon harmonieuse par un choix d’arbres, d’arbustes et de vignes approprié aux sites ciblés ou encore en par l’implication de groupes organisés de cueillettes de fruits urbains.
Par ailleurs, l’épidémie de l’agrile du frêne qui conduit actuellement à la coupe et au remplacement de nombreux arbres à Montréal peut-elle être vue comme une occasion d’augmenter la plantation de plus d’arbres fruitiers sur le domaine public ? Dans tous les cas, plusieurs villes de l’agglomération montréalaise ont fait le choix d’intégrer des arbres fruitiers à leurs pratiques d’aménagement.
Par exemple la ville de Sainte-Anne-de-Bellevue développe depuis 2010 le «
Gourmand Bike Path », une bande végétale de 3,1 km située en bordure de la piste cyclable et composée en grande partie d’arbres et arbustes fruitiers. Pour les instigateurs de ce projet, un des mots d’ordre était le développement et la valorisation de la biodiversité. C’est pourquoi on retrouve plus de 500 vignes, arbres et arbustes fruitiers issus de quelque 100 espèces différentes dans cet aménagement!
La connectivité avec des espaces verts existants conduit également à l’accroissement de l’habitat de plusieurs espèces. Ainsi, les fruits sont un casse-croute idéal pour les oiseaux et insectes… mais aussi pour les cyclistes et passants, qui, en plus des arbres fruitiers bien connus tels que pruniers, poiriers, cerisiers, pommiers et pêchers, auront peut-être la surprise d’y découvrir quelques arbres méconnus, notamment le chum, un croisement entre le cerisier et le prunier.
Une pépinière fruitière biologique à l’Île-Bizard
Le
Verger pépinière de la Ferme du Bord du Lac fait partie de la Ferme du Bord du Lac, un incubateur de projets agricoles situé à l’Île-Bizard. La pépinière offre une grande variété d’arbres et d’arbustes fruitiers adaptés au climat de la région et qui peuvent se cultiver de façon biologique. Ce verger compte quelque 225 arbres fruitiers de diverses variétés, et tend à démontrer aux citoyens qu’au Québec il est possible de faire pousser bien d’autres fruits que la pomme!
Pour Olivier Ross, passionné d’arbres fruitiers, c’est la très faible proportion d’arbres fruitiers dans les parcs de Montréal quia été la principale motivation à mettre cette pépinière sur pied. Pour le moment la vente s’adresse principalement aux particuliers, mais il aimerait éventuellement voir pousser ces arbres sur les espaces publics. Fait intéressant, il est possible (et même encouragé) d’aller goûter sur place les fruits et d’ainsi choisir son arbre en fonction de ses papilles gustatives!
* * *
La culture des arbres et arbustes fruitiers connaîtra-t-elle à Montréal le même engouement qu’a connu récemment le milieu de l’agriculture et de l’apiculture urbaine? Avec le développement de collectifs de cueillette et l’arrivé de producteurs et distributeurs d’arbres et arbustes fruitiers les ingrédients semblent en tous cas se rassembler pour redonner à Montréal son caractère fruitier!
[1] Estimation obtenue grâce aux données ouvertes sur les Arbres publics du territoire de la Ville de Montréal. Il est possible d’identifier les essences d’arbres du domaine public sur: donnees.ville.montreal.qc.ca/dataset/arbres. Ces données excluent les arbres à noix.
[2] Le ratio de 1/3, 1/3 et 1/3 est généralement utilisé.