Mais où est donc passé l’espace public parisien ? Marchandisé, standardisé, le béton et l’automobile y ont pris le pouvoir, au détriment de l’imagination, de la libre expression, des rencontres…. Quant à la nature, la voici souvent à peine tolérée, voire menacée de disparition à l’image des jardins partagés.
Avec moins d’1 m² d’espaces verts par habitant nous sommes très loin des 10 m² préconisés par l’Organisation Mondiale de la Santé depuis 1973 !
L’espace public, végétal ou minéral, devrait être un bien commun, il est devenu un lieu de passage et de consommation, exclusif et ségrégatif.
…vers des espaces ouverts aux citoyens, créés par et pour les citoyens
Face à ce constat, il nous faut multiplier les lieux ouverts à tous et créés par tous, organiser une réappropriation publique, collective et végétale des territoires.
Ces lieux sont à inventer, à rêver… C’est à chaque quartier, selon ses propres dynamiques, de le(s) constituer et d’expérimenter ses espaces de liberté.
Les friches végétales sont incontournables et permettent le « vide » propice à l’imaginaire…Elles constituent par ailleurs un des rares lieux où la nature et la biodiversité trouvent toute leur place, sous différentes formes : potagère, fruitière, sauvage, champêtre, organisée, jardinée en ville… .
…sur le 18ème arrondissement
La petite part de rêve qui subsistait dans le 18eme arrondissement sera bientôt enterrée. Aujourd’hui, la plupart de nos initiatives se heurtent au bétonnage de la ville: le jardin d’Alice, le Bois Dormoy, Baudélire, la Goutte Verte, Ecobox, Arrière Cours 93… Les jardins partagés de nos quartiers disparaissent, laissés pour compte d’une politique dont les citoyens sont le plus souvent tenus à l’écart.
Les rares moments de co-élaboration entre élus et citoyens cèdent le plus souvent la place à de pâles concertations publiques où tout semble joué d’avance.
Lieux générateurs d’utopies concrètes, les jardins partagés offrent pourtant un nouveau regard sur la ville dont on devrait plus largement s’inspirer, mélangeant les espèces, les êtres vivants, intensifiant les échanges et les interactions, recréant des écosystèmes naturels, culturels et sociaux que Paris a lentement mais sûrement aboli.
Il est urgent de pérenniser les friches mais aussi d’investir radicalement toitures, bordures de trottoirs, pied d’arbres, cour d’immeubles, de nous battre pour la mise à disposition systématique de terrains équivalents pour chaque jardin ou espace naturel supprimé.
Ensemble, essaimons ces îlots de fraîcheur, ces lieux d’éducation à l’environnement, ces espaces de lien social où les citoyens sont actifs et créatifs, ces lieux d’apprentissage du jardinage, de partage des savoirs, de production alimentaire, ces espaces de gratuité et de biodiversité !